Mise à jour : réunion Banque du Canada, 25 janvier 2023

La Banque du Canada a récemment pris la décision de relever son taux directeur, atteignant ainsi un sommet de 4,50 % depuis 2007, cette étape était la huitième consécutive de la banque centrale.

Cette hausse visait à atténuer la croissance de l'inflation observée ces dernières années.

Selon la Banque du Canada, l'inflation est encore présente dans le monde entier, mais diminue dans de nombreux pays, principalement grâce à la baisse des prix de l'énergie et à des améliorations dans les chaînes d'approvisionnement.

Au Canada, l'inflation annuelle est passée de 8,1 % en juin à 6,3 % en décembre, mais reste encore loin de la cible de 2 % fixée par la Banque du Canada.

En ce qui concerne la croissance économique, la Banque du Canada estime que l'économie canadienne a progressé de 3,6 % en 2022, surpassant légèrement sa projection d'octobre.

La croissance devrait stagner jusqu'au milieu de 2023, avant de montrer une progression d'environ 1 % en 2023 et de 2 % en 2024, conformément aux prévisions antérieures de la Banque Centrale.

Comprendre l’inflation

Vous avez peut-être entendu parler de l'inflation, mais savez-vous réellement en quoi cela consiste? Et plus important encore, comment cela affecte-t-il votre quotidien, notamment en ce qui concerne les taux d'intérêt?

En termes simples, l'inflation est l'augmentation générale des prix des biens et des services. Ça signifie que les choses que vous achetez tous les jours, comme la nourriture et l'essence, coûteront plus cher. Mais il affecte également d'autres aspects de votre vie, comme votre emprunt hypothécaire.

Mais qu’a-t-il causé cette hausse fulgurante de l’inflation?

La hausse de l'inflation est un phénomène complexe qui résulte de plusieurs facteurs. En voici quelques-uns : 

• Les hausses du taux fixé par la Banque du Canada
  
  

• La demande pour les produits de consommation a dépassé l’offre (surtout en provenance de Chine) en raison de la pandémie de la COVID-19
  
  

• La guerre en Ukraine : ses répercussions sur les prix de l'essence et les chaînes d'approvisionnement ont par ailleurs joué un rôle important dans la persistance de l'inflation
  
  

• Les dépenses publiques en matière de santé et de défense

Conséquences de cette hausse 

Les répercussions de l'inflation peuvent être variées et dépendent de la gravité et de la durée de l'inflation. Certaines des répercussions les plus courantes de l'inflation incluent:

• Augmentation des prix : l'inflation se caractérise par une hausse générale des prix, ce qui peut rendre les biens et les services plus chers pour les consommateurs
  
  

• Perte du pouvoir d'achat : on remarque ce phénomène lorsque le coût de la vie augmente plus rapidement que les salaires. Ce qui fait en sorte que les achats se font de plus en plus difficiles
  
  

• Incertitude économique : l'inflation peut causer de l'incertitude pour les entreprises et les consommateurs, car il est difficile de prévoir comment les prix vont évoluer à l'avenir.
  
  

• Hausse des taux d'intérêt : Les banques centrales peuvent augmenter les taux d'intérêt pour tenter de contrôler l'inflation (comme on voit présentement), ce qui peut causer une hausse des coûts d'emprunt, tel que les prêts hypothécaires.
  
  

• Impact sur les investissements : en augmentant les taux d’intérêt, l'inflation peut avoir un impact sur les investissements, car les taux d'intérêt peuvent augmenter pour compenser l'inflation, ce qui peut réduire les rendements sur les investissements à revenu fixe.
  
  

• Impact sur la classe moyenne : la classe moyenne est, en général, la classe la plus touchée par l’inflation. Les personnes en classe moyenne ont des revenus plus stables et moins élevés, ce qui les empêche de faire face aux hausses de prix.

Augmentation des taux : les effets sur l’hypothèque

La hausse des taux peut avoir un impact significatif sur le coût total de l'hypothèque d'un emprunteur. Plus les taux sont élevés, plus le coût de l'emprunt sera élevé.

Ce qu’il faut savoir, c’est que les taux d'intérêt sur une hypothèque sont généralement plus élevés que les taux de prêt à court terme, car ils représentent un risque plus élevé pour les prêteurs.

Si un emprunteur souhaite acheter une maison avec un prêt hypothécaire de 400 000 $ à un taux d'intérêt de 4 % sur une période de 30 ans, il paiera environ 1 873 $ par mois pour rembourser son prêt.

Si les taux d'intérêt augmentent à 6 %, le coût mensuel de l'hypothèque serait de 2 298 $. 

Cette montée de prix peut avoir un impact sur votre capacité à obtenir un prêt hypothécaire.

Comment?

Les prêteurs utilisent habituellement un ratio d'endettement, appelé le test de résistance. Ce test consiste à comparer vos dépenses mensuelles à vos revenus, pour essentiellement savoir si vous serez en mesure de rembourser votre éventuel prêt.

Évidemment que si les taux d'intérêt augmentent, il pourrait être plus difficile pour vous de vous qualifier pour une hypothèque.

Quelles sont les prévisions pour 2023?

Les prévisions pour 2023 indiquent que la Banque du Canada pourrait commencer à baisser son taux directeur dès la seconde moitié de l'année, dans le but de réduire l'inflation qui est actuellement élevée à 6,9 %. 

Avec un taux directeur présentement à 4,25 %, il est probable que la banque centrale limitera ses prochaines hausses à 25 ou 50 points de base. 

Selon les économistes de Desjardins, le taux directeur pourrait ensuite rester stable pendant une grande partie de l'année, alors que l'économie traversera une période de récession. 

Les experts prévoient également une baisse progressive de l'inflation, avec une contraction du PIB et une hausse du taux de chômage, qui mettra les conditions en place pour une baisse du taux directeur. 

Les prévisions très optimistes de Desjardins indiquent que le taux directeur pourrait atteindre 3,75 % en fin d'année 2023 et 2,25 % en 2024.

Taux fixe ou taux variable?

En ce qui concerne les taux d'intérêt pour les prêts hypothécaires, vous avez le choix entre un taux fixe (taux d’intérêt constant durant toute la période) et un taux variable (taux qui varie en fonction du taux directeur). 

Bien qu’il pourrait être tentant de geler votre taux et aller avec un taux fixe, sachez qu’historiquement, les taux variables l’emportent majoritairement sur le long terme.

En effet, 90 % des personnes qui ont choisi un taux variable ont généralement payé moins d'intérêts sur une période de 25 ans par rapport à celles qui ont opté pour un taux fixe, et ce, depuis plus d’un demi siècle. 

Malgré une hausse rapide des taux d'intérêt en 2022, il semble que les emprunteurs au Canada ont continué à préférer les taux variables.

Selon des experts et cité par le Globe and Mail, 44 % des nouvelles hypothèques (en date du mois d’août), étaient toujours à taux variable. Cette statistique démontre que même si l’inflation perdure, les taux hypothécaires variables demeurent un choix populaire pour la population canadienne.

Vue d’ensemble sur le marché immobilier en 2023

le marché immobilier canadien a connu une baisse de l'activité en décembre 2022 par rapport à 2021, avec une baisse des prix de 12 % au niveau national. 

Cette baisse est plus marquée dans les provinces de la Colombie-Britannique et de l'Ontario. 

Cependant, au Québec, malgré une baisse de l'inventaire de propriétés sur le marché, les prix sont restés stables et ont même augmenté de 10 à 14 % pour certaines propriétés.

Vers une baisse des taux hypothécaires en 2024?

En résumé, il est difficile de prédire avec certitude l'évolution des taux hypothécaires en 2024. 

Les experts s'accordent à dire qu'il est encore trop tôt pour se prononcer, car les impacts des hausses de taux de la Banque du Canada ne se sont pas encore fait sentir. 

Toutefois, si l'inflation baisse en dessous de 4,00 % en 2023, il est possible qu'on assiste à une baisse des taux dès la fin de l'année ou au début de 2024. 

Il va aussi être intéressant de surveiller les promesses fiscales du gouvernement Legault, comme la baisse d'impôt et la création du CELIAPP qui pourraient avoir un impact sur le marché immobilier.